glossaire
Artiste interstitiel·le : un·e artiste interstitiel·le répond à trois critères simultanés :
- crée en étant, plutôt qu’en faisant
- ouvre des portes vers l’espace entre les choses pour d’autres personnes
- réside durablement dans les interstices, entre les terres fermes
Terres fermes : ensembles stabilisés du connu : catégories, disciplines, normes, cultures, paradigmes, professions, identités, comportements ou récits reconnus.
Ce sont les territoires balisés de la pensée, de l’action ou de l’expérience, domptés par l’analyse, la formalisation ou la catégorisation.
Nouveaux récits : courants émergents de pensée, de vie et de création qui prennent forme depuis les interstices, notamment en travaillant avec les matières dynamiques.
Matières dynamiques : matériaux immatériels, non-classifiables, présents dans les interstices.
Ils ne peuvent être saisis totalement ni possédés : toute tentative d’en dresser une liste les appauvrit.
Exemples possibles : décentrage, porosité, révélation, résonance, plasticité, fluidification, dépassement.
L’artiste interstitiel·le crée à partir de ces matières en les activant.
Conférence interstitielle : conversation incarnée entre artistes, praticien·nes, chercheur·ses ou penseur·ses.
Toujours située et ancrée dans le réel, elle participe à la recherche interstitielle par le dialogue vivant.
Une conférence interstitielle est toujours publique au sens large : même si elle se déroule en privé, elle donne lieu à une trace ouverte et partageable (texte, podcast, vidéo, etc.).
Non-exhaustivité : Principe cardinal de la création interstitielle.
Elle ne vise ni à tout dire, ni à tout contenir.
Chaque mot, chaque geste, chaque forme est une ouverture, non une clôture.
Ce qui est laissé de côté, ce qui reste en creux, fait pleinement partie du tout.
La non-exhaustivité n’est pas un manque : c’est une forme de justesse.
Jurisprudence interstitielle : un cadre vivant qui, sans imposer une règle, fait mémoire d’un passage : un geste — artistique, éthique, relationnel – qui a traversé l’indéfini avec justesse. Chaque geste interstitiel crée un précédent ; non reproductible, mais transmissible dans l’esprit. Elle permet qu’ils fassent trace.
La jurisprudence interstitielle ne crée pas des lois : elle accueille des précédents. Elle donne un poids aux actes discrets qui déplacent les lignes sans prétendre les redessiner. C’est une manière de faire droit à ce qui est situé, singulier, indéfinissable – mais profondément légitime.

Espaces interstitiels dans un étalement suburbain. Crédit photo : Raul Corrêa-Smith.